top of page

Voici l'incpit d'une nouvelle intitulée "6 heures"

6 heures

Regarde moi, je suis juste assis là. Sur les marches, en bas du bâtiment, les mains au fond des poches de mon vieux survêtement. D’ailleurs celle de droite est trouée, j'y passe l’index et le majeur sans grande difficulté. Je me promets en pensée de ne pas y glisser de billet, je suis déjà assez fauché, pas besoin de perdre le peu de thune que je palpe.

 

Pourtant une voix en moi me dit que je vais y fourrer quelque chose à l'intérieur, malgré ce trou, malgré mon attention posée à ce moment. Quelque chose qu’il ne faut pas perdre, et ce quelque chose va s’échapper, m’échapper, dans un moment de contemplation ou d’ultime inattention. Mais la stupeur n’advient pas devant le fait, elle arrive plus tard, quand après un long état d'hébétude, de réflexion, on se remémore la chose présente dans notre poche. A ce moment là précisément, on vient visiter de la main le tréfonds de la poche malgré cette voix qui résonne quelque part dans notre crâne, une voix qui nous dis “Tu ne l’as plus. A quoi bon regarder ? Tu sais déjà que c’est parti. Tu ne l’as plus.” Et souvent on s’en veut, de ne pas avoir fait attention, d'avoir regardé ailleurs, d’avoir été stupide au point de perdre la chose qui nous était chère.

 

Ça fait bien une demie heure que je suis assis sur cette marche et mon cul est prit de fourmis à force de ressentir la froideur du béton. Si je joue avec le tissu troué de ma poche c'est pour patienter en attendant Samir. On s'était dit qu'on irait dans le centre, histoire de sortir et de croiser des filles. Surtout pour croiser des filles. Le truc c'est que Samir est toujours en retard et que je l'attend à chaque fois. Et ça m'agace, mais quand je le vois arrivé avec son air de "pourquoi-tu-me-regarde-comme-si-j'avais-tué ta-mère", je suis obligé de sourire [...] Et c'est à chaque fois comme ça.  

J’étais loin de me douter que la soirée allait se terminait en queue de poisson, que mon meilleur pote allait se faire caner devant moi sans que j’ai le temps de voir la chose arriver.

bottom of page